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Full text of "Le Shaker N 03 Franz Kafka"

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Le Syaker AN 


(WEBZINE) 


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REND ME 


SUARE ME 


RÉCATTÉ 


Le , c'est pas seulement sur 
l'auteur! 


Des échos originaux, décalés, funs, 
curieux, qui partent de l'univers de 
l'auteur pour résonner vers d'autres 


univers | 
Le , Ça parle de littérature, ciné et 
séries TV, musique, histoire et société, jeux, 
sciences. 


On entrouvre des portes, à vous de faire le 
reste ! 


Secouez tout ça pour obtenir le , 
webmagazine qui passe au pressoir un auteur 
surtout pour parler d'autre chose! 


C'EST QUOI CETTE RUBRIQUE? 


| 
L'ANECDOTE Ce qui nous a intrigués, dérangés, émus, fait marrer... 


Et si on s'en foutait de l’auteur, décortiquons son 


\N THE STYLE univers. 


e: Si L'AUTEUR ÉTAIT UNE CHANSON CE D 
ROUTE . ou pa. À vous de découvrir si on vous spoile. 
Qu'esT—ce Qui LU1 AURAT DIT? 

Coup de sonar sur une époque, un lieu, un évènement, 
| ECHOS : HIER ET AUJOURD'HUI fréreraréemententn M 


On part tous azimuts: oeuvres adaptées, librement 


A DAPTATIONS ET DISPERSIONS inspirées ou liens tordus. 


r 
| LES LIVRES QUIL FAUT AVOIR LUS CD 


On zieute sur une oeuvre ou on s'écarquille sur 


Coup D'OEIL. COUP D'OEUVRE d'autres sans vous aveugler. 


Un thème qui s'éparpille dans tous les sens, effet liste 


SHARE ll shake shake !! 


de ES-TU FRANZ KAKFA ? 


Oh et puis tiens, oublions 


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RArkI 


un instant, avec son K légendaire, 
impressionnant de malheur cumulé. 


Traverser l'œuvre de , cest en 
ramener des êtres malmenés, incompris, 
isolés, souvent sans autre issue que l'ironie 
ou la folie. 

Mais faut-il te maintenir, , dans 


l’identificationlittérairedetes personnages, 


dans leur reflet légendaire ? Que tu les aies 


construits comme des alter ego, que tu 
les aies utilisés comme des messagers ne 
signifie pas forcément qu'ils t'ont enfermé à 
ton tour dans leur univers mental, comme 
leur création, impuissante et tragique. 


Dis-leur, , que tu étais un fils de 
bonne famille allemande installée à 
Prague, brillant diplômé de droit qui n'a 
jamais fui complètement son milieu et 
l’a épaulé dans ses affaires. Tu es parvenu 
globalement à articuler l'ancrage social de 
ta vie professionnelle avec un vrai rythme 
où tu construisais ton œuvre, sans basculer 
complètement dansla solitude de l'écriture. 


Tu as fait une carrière brillante dans la prévention des accidents de 


travail, ne démissionnant que deux ans avant ta mort. 


Tu n'étais pas non plus ce solitaire taciturne, petit cachotier ! Tu 


fréquentais les cafés et les clubs politiques de gauche sans t'impliquer 


plus avant : tes récits déclinaient tes combats, voire 


809 


FIDÉLITÉ 


FULGURENCE 


tesrèglementsdecompte,commeavecton père.Tuasmultiplié 

les conquêtes féminines sans trouver la volonté incontestable 

de te marier. Tu voulais des enfants, écrire, voyager, écrire, 

ne pas mourir tout de suite, écrire, partir en Palestine peut- 

être, voir ton travail publié ou pas, mais écrire. Le bonheur 
. ! surpassait pour toi l'accomplissement social, c'était une quête 
à portée de main, une exigence, même fuyante, en ligne de 
mire. 


Et contrairement à nous, malheureux et horrifiés face au sort 
qui allait s'abattre sur ta jeunesse et les tiens, tu ne savais 
pas, , en mourant de la tuberculose en 1924, juste 
avant l'arrivée de la pénicilline, à quoi tu allais « échapper ». 
Tu ne connaîtrais ni les régimes totalitaires dont tu avais eu 
certaines intuitions, ni leurs camps de la mort où périraient 
tes proches. 


Tu as vécu et écrit au cœur de tes contradictions : pas plus que 
tu n'es devenu aucun des petits tyrans des systèmes que tu as 
décrits, tu n'as incarné une victime désespérée de tes livres. Et 
si tu as su décrire l'appareil administratif dans ses absurdités, 
c'estsürement d'abord parcequetut'yétais construituneplace 
de choix. Tu as été capable de tirer profit des complications, 
y compris de la maladie, dealant pragmatiquement avec 
elle des périodes de déploiement littéraire sur les pauses 
qu'elle timposait. Tu ne subissais pas, , ta vie autant 
qu'on a voulu le raconter ; tu n'as pas joué les fantômes. Si 
tu manquais de confiance en tes qualités d'auteur, pourtant, 
au-delà des fantasmes sur ton épuisement perpétuel, c'est ta 
détermination et ta force au quotidien qui ont rendu possible 
l'éternité de avec son grand K. 


Texre : Sy. lu p. | : Canov er Jusnne. Puoro p. 2 : Ru. = 


AR: 
«CHOS AUJOURD'HUI 


Rares 


MILENA, OTTLA ET LA 
SHOAH 


Tout le monde connaît KAFKA, le grand 
écrivain praguois, mais beaucoup moins 
OTTLA, sa jeune sœur, ou MILENA, une 
des femmes qu'il a aimées. Contrairement 
à KAFKA mort prématurément, toutes 
les deux seront les témoins tragiques des 
camps d'extermination. 


MILENA JESENSKA, intellectuelle tchèque, 
a 23 ans lorsqu'elle rencontre KAFKA. 
Leur relation amoureuse, essentiellement 
épistolaire, durera deux ans. Militante 
communiste et résistante pendant la 
Seconde guerre mondiale, elle est arrêtée 
par la Gestapo, déportée à Ravensbrück où 


elle meurt le 17 mai 1944. 


Le 14 septembre 1920, FRANZ lui écrit : 
« Quand je te dis que tu es ce que j'aime 
le plus, ce n'est peut-être pas de l'amour à 
proprement parler ; l'amour, c'est que tu es 
le couteau que je retourne dans la plaie » 


OTTLA, la sœur préférée et meilleure amie, 
a entretenu pendant plus de 20 ans une 
correspondance avec lui. Elle est assassinée 
à Auschwitz en octobre 1943. Le 8 octobre 
1923, FRANZ lui écrit : « La question à savoir 
si tu me dérangeais, nous n'avons pas à 
nous la poser. Quand tout le monde me 
dérangerait toi tu ne le ferais pas ». 


Beaucoup ont relevé dans ses romans une 
vision prémonitoiredessystèmestotalitaires 
du 20e siècle et notamment du nazisme et 
du génocide juif. L'idée d'être innocemment 
accusé et exterminé et l'image d'une 
humanité lâche et indifférente notamment 
à travers sa bureaucratie hantent l'essentiel 
de son œuvre. La description d'un système 
judiciairebarbare(LACOLONIEPÉNITENTIAIRE) 
et la transformation d'un homme en 


vermine (LA MÉTAMORPHOSE) font écho aux 
barbaries du nazisme et au génocide juif. 


Sur la valeur prophétique de l'œuvre de 
KAFKA, de nombreux écrivains se sont 
exprimés, comme WALTER BENJAMIN, 
ADORNO, GEORGE STEINER, BRECHT. Quel 
lien peut-il exister entre les textes fictifs 
d'un des plus grands auteurs du début du 
20e siècle et la tragédie de l'Holocauste 
survenue 20 ans après sa mort ? 
C'est sans doute l'écrivain 
juif AHARON APPELFELD, 

rescapé des camps de 
la mort, qui explique 


Il faut 
donc lire les LETTRES À MILENA 

et les LETTRES À OTTLA, même si on n'y 
découvre que la voix de KAFKA ; il manque 


la réponse des destinataires, les lettres des 
deux femmes ont été perdues. 


Il faut surtout lire un album jeunesse 
passé inaperçu parmi les nombreux écrits 


le mieux l'apport de KAFKA aux écrits sur 
l'œuvre de KAFKA 
tout est déjà là : la peur, le désespoir, 


l'Holocauste. Dans 
l’absurdité, la tragédie humaine, la vision 
cauchemardesque, le caractère inhumain 
de la société, avec une puissance et une 
justesse qui n'ont pas d'équivalent dans 
la littérature sauf celle qui viendra 

après (PRIMO LEVI, CHARLOTTE 
DELBO, IMRE KERTEZ 


consacrés à l'écrivain LA PETITE SŒUR 

DE KAFKA de FRANÇOIS DAVID et illustré 

par ANNE HERBAUTS. En très peu de mots, 

on y apprend le destin tragique d'OTTLA, 

avec l’image de cette femme qui s'efface 

petit à petit pour finir par disparaître dans 
un gris kafkaïen... 


Tegre : Varie. lus pl : CORENTIN. = 


lot K. EST ARRÊTÉ UN MATIN. DE QUOI 
est-il accusé ? Il ne le sait pas mais il doit bien 
avoir fait quelque chose pour être arrêté ; il est 
forcément coupable. 


Dans le film THE WALL d' (et des 

), tout le poids du monde pèse 
sur les épaules du petit Pink. Il y a son père 
mort à la guerre, sa mère castratrice, le prof 
sadomaso, l’'adultère de sa femme. Le monde 
lui aussi n'est pas en reste. 


D'après Pink, tout le monde est coupable. 
C'est donc logique qu'il finisse par devenir 
totalement bar)’, et prenne les traits d'un Hitler 
nouvelle génération. Le petit Pink devenu 
grand pète son câble. Les enfants sont passés 
à la moulinette pour faire de la viande hachée, 
c'est l'anarchie dans les rues, tout le monde est 
suspecté, flagellé, coupable. Coupable. 


Seulement voilà, le grand Pink 
se retrouve dans les chiottes 
complètement halluciné par ce qu'il 
a mis en place, il se met à gueuler : « 
Stooooop {ll ». 


C'est l'heure de son procès à lui. Le 
juge apparaît sous les formes d'un 
énorme vagin avec une tête de 
magistrat (son honneur le ver) qui 
énonce sa sentence: « The trial ». 
Sa faute est simple : Pink a montré 
des sentiments humains, c'est 
impardonnable. Il devient poupée 
de chiffon aux yeux exorbités : « Fou, 
agité du bocal, je suis cinglé ». 


Et c'est le mur qui peu à peu se 
resserre autour de lui et l'encercle : 

il na qu'à sen prendre à lui-même, 

il aurait pu simplement être mauvais 
sans se poser de question, mais non 
faut que le petit Pink ait des états 
d'âme. Heureux soient les insouciants 
qui servent la cause du mal sans aucun 
remord. 


TEXTE ET ALU. © JUSTINE. = 


be... 
en 


en ? 


Le terme « kafkaïen » est quasi entré 
C'est 
situation absurde, synonyme d'oppression, 


dans le langage courant. une 
représentant une situation labyrinthisme, 
irréelle, angoissante. Mais concrètement, 


dans le texte, c'est quoi le style kafkaïen ? 


Brouillage des repères spatio-temporels. 
Réalité ou fantastique, chez KAFKA, on se 
posetoujoursla question maisonneparvient 
pas à la trancher. LA MÉTAMORPHOSE par 
exemple, s'ouvre sur le réveil de Samsa et 
quelques lignes plus loin, on apprend qu'il 
a été transformé en insecte géant ; d'entrée 
de jeu, difficile alors de discerner le rêve de 
la réalité. L'univers kafkaïen balance entre 
réalité et absurdité (tellement flagrante 
quon se demande si on n'est pas 
tombé dans un roman fantastique). 
Et en plus, l'absurdité chez KAFKA 
paraît naturelle. Ainsi de l'engin 
de mort dans LA COLONIE 
PÉNITENTIAIRE que le régime 
judiciaire ne remet pas 
en question. Ce jeu est 

sans doute encore 


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plus flagrant dans LE PROCES : c'est par la 
vision de Joseph K., perdu dansunesituation 
inextricable, qu'on accède aux décors qui 
paraissent nappés d'une forme de rêve. Les 
sons sont tantôt atténués tantôt stridents, 
la lumière est vacillante, les mouvements 
sont tantôt vifs tantôt lents ; l'ambiguïté est 
sans cesse maintenue. 


Fragmentation expressionniste 


ou impressionniste ? KAFKA était 


contemporain du mouvement 
expressionniste et y comptait 
de nombreux amis, mais il 


les trouvait excessifs, lui qui 
cherchait à avoir l'écriture la 
plus neutre possible afin de 
laisser l’image ouverte aux 
multiples perceptions 


possibles. On est limite 


80 


Car KAFKA, comme un 

MONET, procède par 

touches de peinture. Les 

paysages sont livrés par 

clichés instantanés. Pas de 

vision globalisante mais une 

description qui suit le regard 

qui se pose d'abord là puis là, et 

là encore. KAFKA ne se consacre pas 

à l'intériorité des personnages, c'est 

par la surface et les éléments extérieurs 

que le lecteur accède à un spectre de 

sentiments d'autant plus large qu'il est 

capté de l'extérieur et donc livré à ses 
diverses interprétations. 


La puissance de l'image. Le langage pour 
KAFKA est dépouillé, brutal. Lorsque les 
mots s'en tiennent à un sens figé, ils ne 
peuvent plus exprimer les nuances. 


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Cest 
KAFKA 
recourir aux 


pourquoi 
préfère 
images 
pour approcher de la 
Vérité qui est multiple : il 
faut 
une écriture 


tenter de « créer 
susceptible 
d'interprétations infinies ». Les 
images sont tellement détaillées 
et poussées loin qu'elles deviennent 
vertigineuses et envahissent tout 
l’espace. La métaphore parexemple permet 
de mettre en relation situation extérieure 
et éclairage intérieur. Le thème du procès 
notamment désigne tant le procès juridique 
de Joseph K. que le procès qu'il se fait à lui- 
même dans sa petite tête. Les images chez 
KAFKA n'ont alors pas de sens unique et 
des tas d'interprétations possibles. « Cette 
ambiguïté proprement kafkéenne réside 
en ce que l'écrivain ne donne son opinion 
sur les images qu'à travers d’autres images, 
grâce auxquelles il démontre l'insuffisance 


de ce matériau [les mots] ». 


IN THE STYLE 
D —— 


Texre : Jusnne. Puoro p. | sécecrionnée par Cinov sur Pixapay. Paoro p. 2 séLÉCTIONNÉE PAR JUSTINE. = 


= 


AU CINÉMA 


Il y a bien sûr les 

adaptations, biopics où tout 

fortement 
inspirées comme LE PROCES d'ORSON 
WELLES, XAFKA de SODERBERG, JOSEPH 
KLEIN de LOSEY, BRAZIL de TERRY GILLIAN, 


OMBRES ET BROUILLARD de WOODY ALLEN... 


simplement œuvres 


Et puis il y a les hommages plus où moins 


évidents à l'écrivain de la modernité 


comme les cinq films suivants : 
eo Le plus dérangeant LE RUBAN BLANC 


Fan de KAFKA, MICKAEL HANEKE adapte 
en 1997 LE CHÂTEAU pour la télévision. 
12 ans plus tard, il décroche la palme 
d'or à Cannes pour LE RUBAN BLANC, film 
d'une grande beauté, dérangeant, en 
noir et blanc évidemment, qui relate des 
événements tragiques dans un village 
allemand à la veille de la première guerre 
mondiale, racontés par l'instituteur, 
témoin innocent comme le héros K. du 
château. Comment ne pas voir aussi dans 
le portrait du pasteur, chef de famille 
tyrannique voire destructeur le père 
de l'écrivain. Et puis pour le spectateur 
attentif, le cinéaste autrichien offre un bel 
indice, au milieu du film apparaît sur le 
banc de l'église KAFKA, identique à l’une 


de ses célèbres photos. 
Le plus cauchemardesque ERASERHEAD 


jose son premier film, DAVID LYNCH, le 
cinéaste de l'angoisse et du mystère, signe 
un pur cauchemar, 


DAPTAT 
pers ON 


—— 
0 


À A ANA 
LR qu " \NE 


inquiétant, lui aussi en noir et blanc. Dans 
un décor urbain complètement délabré, 
un homme veille sur son bébé, un être 
monstrueux, mi-homme mi-larve. On 
songe notamment à LA MÉTAMORPHOSE. 
Comme KAFKA, 


invente une nouvelle forme de fantastique, 


le cinéaste américain 


un cinéma énigmatique d'avant-garde 


809 


d'une terrible modernité. 


So Le plus juif À SERIOUS MAN 


Les frères COEN ont indéniablement 

lu KAFKA. Sur un mode à la fois drôle et 
tragique, le duo déjanté dresse le portrait 
d'un professeur d'université juif, honnête 
et respectable, assailli par une multitude de 
problèmes. « Je n'ai rien fait » dit le héros 


à l'instar de Joseph K. Un grand film sur 
l'angoisse de l'homme moderne résolument 
seul et sur l’absurdité de la vie. 


Le plus inatte 


MA VIE DE COURGETTE à l'opposé de 
l'imagerie Disney, met en scène 
plusieurs enfants durement 
meurtris par la vie qui tentent 
de se reconstruire au sein d'un 4 
orphelinat. Ce film d'animation 
à la fois sombre et lumineux ne 
prend pas les enfants (personnages 


et spectateurs) pour des imbéciles. 


Et KAFKA dans tout ça ? Il apparaît 
rapidement au détour d'une scène. 
Adossée à un arbre, l'héroïne, lit un 
livre, et pas n'importe lequel : LA 
MÉTAMORPHOSE. 


Kafkaesque est la traduction anglaise 
pour le terme « Kafkaïen ». C'est 


— 


aussi le titre de l'épisode 9 de la 


DAPTAT 


NAN 


saison 3, de la série BREAKING BAD, plongée 
cauchemardesque dans 


l'univers de la 
drogue. 


Lors de sa séance de thérapie collective, 
Jesse décrit son travail de dealer, un véritable 
engrenage le maintenant prisonnier et qu'il 
qualifie de « totally Kafkaesque ». 


ASS, 


4 NN 


Texre: Valérie. ALU © CORENTIN. = 


Le Caârenv DE Karel 


ET DRACULA DE STOKER 


M NEIGE. UN HOMME. UN VOYAGE D'AFFAIRE. 

Un château mystérieux. Un comte. L'œuvre 

posthume (et inachevée) de LE 

CHÂTEAU, ou bien celle de , 
DRACULA ? 


Et bien les deux! 


Ecrit par un irlandais en 1897, DRACULA 
À est un roman épistolaire et fantastique. 
LE CHÂTEAU, publié en 1926 après la mort 
de , un auteur pragois, na rien 
d'épistolairenide fantastique. Et pourtant... 


, le héros de DRACULA, est un notaire chargé 
de s'occuper des affaires immobilières d'un mystérieux comte des 
Carpates, qui souhaite acquérir un domaine en Angleterre. Un 
vampire, ce que Jonathan va apprendre assez vite. K. le protagoniste 
du CHÂTEAU, quant à lui arpenteur, doit rejoindre le château du 


comte Westwest. Deux personnages qui doivent voyager pour leur 
travail, droit vers l'inconnu. Deux personnages curieux, bravant les 
interdits sans parfois sans rendre compte. Partageant la même envie de 
marcher dans la neige : un souhait à priori anodin qui les mène dans une 
fâcheuse posture. 


Dans « L'invité de Dracula », la première partie du roman qui n'était pas 
ajoutée à l'édition originale, Jonathan se moque des avertissements de 
son cocher. Surpris par une tempête de neige, il finira par s'égarer dans 
un village, devant un mystérieux mausolée habité par une vampire, 
avant de se faire attaquer par des loups. Dès l’incipit du CHÂTEAU, 

K. se retrouve la nuit dans la neige, puis dans une auberge à dormir sur le plancher. 
On le réveille, il se moque du règlement absurde qui régit les lieux et qui veut 


Er ÿG 


qu'on n'ait pas le droit de dormir au village \ 
sans autorisation préalable du château en 
question. K. et Jonathan n'en font qu'à leur 
tête, voilà encore un trait commun. 


Rude voyage au bout duquel le repos ne sera 
même pas au rendez-vous : K. et Jonathan, 
figures de l'étranger, en divergence totale 
avec les coutumes locales et les habitants, se 
heurtent à l'hostilité et aux mises en garde que 
personne ne prend la peine de justifier. Puis à 
un inconfort physique et psychique généré 
à la fois par le logement et l'hôte. Avec à 
une variation : l'administration pour K,, 
le surnaturel pour Jonathan. LE CHÂTEAU 
reste le lieu central des deux romans. 
Présent sans toujours l'être, point de 
départ et d'arrivée dans DRACULA, objectif 
de K. durant tout le roman de 


Pour K, impossible d'y entrer, pour Jonathan Harker, impossible 
d'en sortir : enfin presque, le temps qu'il reste prisonnier. Dans 
l’un comme l’autre, une aura de mystère englobe l'édifice : 
inatteignable, impénétrable, y compris de l'intérieur comme on 
peut l'observer dans DRACULA. K. lui, semble subir le supplice de 
Tantale, toujours découragé par l'administration, la complexité 
des démarches et des autochtones. Folie et aliénation en marge. 


Et puis une femme. Frieda, dont K. tombe amoureux et Mina, 


l'épouse de Jonathan, restée en Angleterre. Confidentes et 
amantes. 


Il serait tout de même dommage de clore cet article sans 
mentionner Munich: lieu de parution du CHÂTEAU, et précisément 
là où débute le roman de 


Le Chârenu DE Kaki 
ET | RAC Î | ] DE To LER Texte : Cinor. a ue i ee = 


LA MÉTAMORPHOSE 


1975 
LE CHÂTEAU LE PROCÈS 


FKA MUSEUM 


[37 1927 
JOURNAL INTIME L'AMÉRIQUE 


Puoro aucue en maur : Auexis. Puoro cUcHE En Bas : KLARA. IMAGE CENTRALE SÉLECTIONNÉE PAR CINDY. =) 


( 
ER CEST DES GEA 
(ET UN BORDEL ORGANISÉ) 


_—— 


THOMAS GOSSELIN 


SEMAEL JAN: 


Cindy, Justine, 
Sylvie, Valérie 


Alexis, Cindy, Corentin, 
Fabien, Justine, Klara, Louise 


Justine, Lus, Sylvie 
Alexis, Bruno 
tout le monde 


Ariane, Ben, Caroline, 
Chloé, Dorothée, Jean-Luc, Louis, Nicolas, Sandrina, Sandrine, 
Thomas, Yves 


Justine 
Le Shaker (Tours) = ISSN 


2607-2742 


CREATIVE COMMONS 


MÉHÉRENCES BI. DES Of 


François David et Anne Herbauts. La petite soeur de 
Kafka. Noville-sur-Mehaigne (Belgique), Belgique, 
Esperluète, 2004. 

« Franz Kafka Le rebelle ». Le Magazine littéraire, 
2002, no 415. 


Guillaume Gallienne. « L'oeuvre de Kafka ». Ca peut 


pas faire de mal. France Inter, 9 juin 2012. 


Tran Huy Minh. « Aharon Appelfeld, sous le signe 
de l'errance ». Le Magazine littéraire, 2004, no 435, p. 


93-96. 


Michèle Tauber. « Réincarnation d’une mélodie: 
l'écriture d'Aharon Appelfeld ». Che vuoi?, 2012, no 31, 


D. 119-120. 


NOUS ÉCRIRE, 


ATTPS: / /LE—SHARER.ME 


RES CITÉE 


Bancaud, Florence. Le Journal de Kafka, ou l'écriture 


en procès. Paris: CNRS édition, 2013. 


RÉAGIR 


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GERMAINE GRR 
PASSEE AU SHAKER POUR LE 
NUMERO DE L'ÉTÉ